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György Lukács
[en vert et violet] |
« Victrix causa deis
placuit, sed victa Catoni » | Lucain, La Pharsale, i,
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Vincent Charbonnier | Avouons-le d’emblée, la totalité est d’abord une question personnelle,
dont la problématisation philosophique répond à la
rationalisation d’une exigence de sens, vécue comme indispensable à toute vie
pratique. Selon nous, on ne philosophe pas tant pour le plaisir d’éduquer son
âme que pour comprendre le monde, qui nous entoure, nous excède et nous
détermine, et parce qu’en outre, comprendre le monde c’est aussi le
transformer. Nulle puérilité donc dans cette exigence quasiment ontologique de
savoir, mais une inquiétude qu’une satisfaction, toujours partielle, vient
nourrir. L’histoire n’a cependant que faire d’états d’âmes
individuels, quand, d’une rare économie de figures, elle semble exhiber les
conséquences, génériques, engendrées de cette inquiétude érigée en principe
pratique.