
C’est une tâche risquée, mais je remercie vivement les
organisateurs de ce séminaire: Isabelle Garo, Jean-Numa Ducange et Jean Salem,
de me permettre de courir ce risque, que de prendre pour thème Derrida lisant
Marx. Tâche risquée, cela pour au moins pour trois raisons:
1/ L’œuvre de Derrida est récente, et nous n’avons pas
encore sur elle un recul nécessaire à la lecture, recul qui permet de voir
comment cette œuvre, en quelque sorte, et c’est là déjà rentrer quelque peu en
elle, diffère d’elle-même.
2/ La deuxième raison est l’abondance de cette œuvre, elle
semble relever quasiment d’un infini de titres, au vrai quasiment impossible à
englober – mais n’est-ce pas aussi son jeu ?
– d’un seul regard. Et ce que je dirai ne prétendra certainement pas aller à cet englobement.
– d’un seul regard. Et ce que je dirai ne prétendra certainement pas aller à cet englobement.
3/ Troisième raison, parce que cette œuvre est compliquée,
et qu’il ne faut pas avec elle, trop céder sur la complication. Peut-être
peut-on penser qu’elle est d’une écriture compliquée, inutilement compliquée
– peut-être – et chacun a d’une certaine façon le droit d’en être
juge, mais elle est compliquée d’abord parce quelle veut être rigoureuse
Elle voudrait bien partir de définitions simples qui
garderaient tout au long du raisonnement leur simplicité, mais toujours, en
philosophie, celle-ci se construisant dans la langue naturelle, la notion fuit,
la définition emmène vers d’autres mots, porteurs, si l’on veut, d’autres
idées, et d’autres idées encore, dont on ne dira pas qu’elles sont enveloppées
dans des mots, mais qui vivent de vivre entre elles et entre eux.
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