
Gramsci
peut être lu à gauche. Il peut être lu à droite. On peut aussi (et ce fut l’attitude du P.C.F.)
ne pas le lire du tout, ou l’abandonner à l’exégèse académique des
« experts », ce qui revient au même. Maria-Antonietta
Macciocchi le lit à gauche. Est-ce la bonne lecture ? Je n’en sais rien.
Ce qui me paraît sur en revanche, c’est que là n’est pas la bonne question. En
vérité, lorsqu’il s’agit d’écrits d’hommes comme Marx, Lénine ou Gramsci,
d’hommes qui ont dû articuler les unes dans les autres, au point d’en faire une
unique substance, exigence conceptuelle et décision stratégique, toute lecture
devient militante. Je veux dire qu’elle résulte d’un choix politique et de la
conscience que le lecteur prend de sa situation, de son rôle possible dans une
configuration donnée des forces politiques.
Il en résulte qu’aucune
confrontation textuelle, aucune exégèse, si minutieuse soit-elle, ne pourra
décider de la question de savoir si M.-A. Macciocchi a « bien » lu.
Elle a lu du point où elle se trouve : cette lecture peut devenir la
bonne. Cela dépend, proprement, de la façon dont elle s’insérera dans une
pratique politique capable d’entraîner les masses dans des actions décisives.
La question se pose de savoir si les forces existent, qui permettent de bien augurer
d’une lecture de gauche. Il reste (et c’est ce que suggère M.-A. Macciocchi)
qu’une politique révolutionnaire de gauche peut, en Occident, espérer trouver
aujourd’hui chez Gramsci de quoi inspirer ses stratégies. [...]