
Cela
soulève d’emblée une difficulté. Tout le monde a entendu parler de Karl Marx,
tout le monde a entendu les mots «marxisme» et «marxiste», qui possèdent toutes
sortes de connotations:
vous avez donc forcément des idées préconçues et des préjugés – favorables ou non. Je vous demanderai cependant de commencer par mettre de côté, autant que possible, ce que vous croyez savoir de Marx, afin de pouvoir entendre ce qu’il a réellement à dire.
vous avez donc forcément des idées préconçues et des préjugés – favorables ou non. Je vous demanderai cependant de commencer par mettre de côté, autant que possible, ce que vous croyez savoir de Marx, afin de pouvoir entendre ce qu’il a réellement à dire.
D’autres obstacles nous empêchent d’accéder directement au texte.
Notre lecture est par exemple conditionnée par notre formation intellectuelle
et notre expérience. Pour de nombreux étudiants, les considérations et
préoccupations académiques dominent: ils auront naturellement tendance à lire
Marx d’un point de vue disciplinaire particulier et exclusif. Or Marx n’aurait
jamais obtenu de poste universitaire dans aucune discipline. Aujourd’hui encore,
de nombreux départements répugnent à l’admettre dans leurs programmes. Donc si
vous êtes un étudiant de 2e ou 3e cycle désireux de bien le lire, il vous
faudra faire abstraction de ce qui vous permettra d’obtenir un poste dans votre
domaine – certes pas définitivement, mais au moins dans votre lecture de Marx.
En un mot, vous devrez, pour comprendre son propos, faire
tous les efforts pour vous arracher à votre discipline, à votre formation intellectuelle,
et surtout à votre expérience personnelle (que vous soyez un syndicaliste, un
militant associatif ou un entrepreneur capitaliste).